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Croissance économique: L’île Maurice, lanterne rouge!

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L’île Maurice devrait enregistrer la pire décroissance économique de la région de l’Afrique (subsaharienne), soit sur un total de 45 pays. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), la décroissance de l’île nation devrait atteindre -14,2%, alors que la moyenne de la région est de -3%.  Le FMI prévoit néanmoins que l’île Maurice rattrape quelque peu son retard en 2021, avec une croissance projetée de 9,9%.

Le ministre des Finances mauricien, Renganaden Padayachy prévoit une décroissance de -13% du PIB du pays, cette année-ci. Alors que l’ancien ministre des Finances, Xavier Luc Duval l’estime à -15%. Chez Fitch Solutions, la contraction est estimée à -11,2%. Le FMI tranche sur un taux de -14,2%, dans son dernier rapport publié au début d’octobre. 

C’est la pire performance de l’Afrique subsaharienne, derrière les Seychelles (-13,8%), et le Zimbabwe (-10,4%), sur un total de 45 pays.  

« Si vous regardez les économies dépendantes du tourisme comme les Seychelles ou Maurice, elles semblent être particulièrement touchées, et ce n’est pas une surprise parce que les voyages transfrontaliers ont cessé, et ces économies dépendent très fortement du tourisme pour les recettes en devises étrangères et fiscales. Le tourisme joue un grand rôle dans la contribution à la valeur ajoutée du PIB dans ces économies », explique Malhar Shyam Nabar, Division Chief, Research Department, FMI, dans un presse briefing sur ces prévisions. 

Île Maurice: Chute de 92% des revenus du tourisme

L’économie mauricienne était déjà au ralenti depuis le début de 2020.  L’île africaine a enregistré une contraction de 4,2% de son économie au premier trimestre, et 31,2% pour le deuxième (comparativement aux trimestres correspondants de 2019). 

Le pays a été en couvre-feu sanitaire pendant plus de deux mois (mars-mai). Il n’a pas enregistré de contamination locale du coronavirus depuis le mois d’avril dernier. Le pays a rouvert partiellement ses frontières depuis le 1er octobre dernier, avec des mesures sanitaires strictes, dont une quatorzaine obligatoire payante dans des hôtels pour les touristes. 

Les industries les plus affectées sont notamment le tourisme, dont les «activités d’hébergement et de restauration» se sont  contractées de 98,1% après une baisse de 13,4% au trimestre précédent. 

« Les frontières restant fermées, les revenus du tourisme à Maurice pour juillet ont chuté de 92 % d’une année sur l’autre, à Rs 414 million » – Africa Pulse-Banque Mondiale (édition Octobre 2020). 

Le secteur du commerce de gros et de détail mauricien a reculé de 25% contre 4,1% au premier trimestre 2020. La «construction» recule de 89,4% après une baisse de 7,2% au trimestre précédent. La manufacture locale recule de 43,6% après une contraction de 0,8% observée au trimestre précédent. 

Explosion de la dette publique

A la mi-2020, la dette publique de l’île représentait 83,4 % du PIB alors que selon les projections du budget 2019/20, il  devait tourner autour de 61,6 %. Outre des revenus fiscaux en moins découlant de cette pandémie, le gouvernement mauricien a aussi financé tout un système visant à protéger l’économie locale. 

La dette devrait rester élevée l’an prochain, on parle d’un ratio de 86,4% pour fin juin 2021, avec des créances se stabilisant autour des Rs 390 milliards. 

Le FMI prévoit néanmoins que l’île Maurice rattrape quelque peu son retard en 2021, avec une croissance projetée de 9,9%. Si ces prévisions sont exactes, l’île Maurice enregistrera la meilleure performance de l’Afrique Subsaharienne, devant le Botswana (8,9%). 

Des prévisions qui restent en suspens, alors que la menace d’une deuxième vague de Covid-19 plane sur Europe.  La pandémie de Covid-19 qui perdure sur le Vieux continent, premier marché de Maurice, repousse donc toute reprise significative pour le secteur vital du tourisme. 

La situation du coronavirus en Europe est considérée comme pire qu’il y a 5 mois, que ce soit en termes de contaminations et d’hospitalisations. Au 18 octobre, l’Europe a dépassé la barre des 250,000 morts. Après la France la Belgique, les Pays-bas, l’Angleterre, l’Italie et la Suisse durcissent les restrictions liées au Covid-19.

L’île  Maurice a environ une trentaine de cas actifs importés du coronavirus. A ce jour, 407 cas ont été enregistrés à Maurice depuis le début de la pandémie, et 10 personnes sont décédées. Plus d’un millier de passagers composés principalement de Mauriciens rapatriés de l’étranger, sont actuellement en quarantaine. 

Régression du PIB à son niveau de 2007

L’Afrique subsaharienne est une région qui devrait abriter environ un tiers des personnes plongées dans la pauvreté par le coronavirus. Les pauvres restent majoritairement ruraux, jeunes et sous-scolarisés.

Selon la Banque mondiale, d’ici la fin de 2021, le Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant de la région est susceptible de régresser à son niveau de 2007. En Afrique, la COVID-19 pourrait faire basculer 40 millions de personnes dans la pauvreté extrême, effaçant au moins cinq années de progrès dans la lutte contre ce fléau. 

« Les pays devront reconstituer leur espace budgétaire pour financer des programmes susceptibles de stimuler la reprise, d’améliorer la gestion de la dette et de lutter contre la corruption. En fin de compte, une reprise durable dépendra de la rapidité à laquelle les pays africains privilégieront des actions politiques et des investissements visant à créer des emplois plus nombreux, de meilleure qualité et inclusifs. À leur tour, ces priorités politiques s’articulent autour de trois axes critiques et interdépendants : la transformation numérique, la réaffectation sectorielle et l’intégration spatiale » – rapport du bureau de l’économiste en Chef de la région Afrique/Banque Mondiale.