Le changement climatique a été le principal facteur d’extinction des anciennes espèces d’humains. Homo erectus, Homo heidelbergensis et Homo neanderthalensis, ont perdu une partie importante de leur niche climatique juste avant de s’éteindre.
Pour trois espèces humaines primitives, la réduction de leur niche écologique précédant leur extinction a coïncidé avec des changements brusques et défavorables du climat de la planète. Les changements climatiques auraient, donc, été un facteur important de l’extinction des premières espèces humaines.
C’est ce que suggère une récente étude de l’Université de Naples Federico II combinant la modélisation du climat et les archives fossiles sur ce qui a conduit à toutes ces extinctions antérieures. Le changement climatique et l’incapacité de s’adapter aux températures de réchauffement ou de refroidissement a vraisemblablement joué un rôle majeur dans le destin tragique des premières espèces humaines.
Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé un émulateur de climat haute résolution qui a modélisé la température, les précipitations ainsi que d’autres données météorologiques au cours des 5 derniers millions d’années.
Ils ont, ensuite, croisé les résultats avec une base de données de plus de 2750 archives archéologiques des restes de plusieurs espèces humaines au cours de 2,5 millions d’années, incluant Homo habilis, Homo ergaster, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neanderthalensis et Homo sapiens.
Bien qu’il soit généralement admis qu’aucune espèce n’ait disparu à la suite d’un seul mécanisme, cette étude indique que le changement climatique a été le principal moteur d’extinction. Dans le cas de l’homme de Néandertal, la compétition avec Homo sapiens a aussi joué un rôle significatif en le précipitant vers des vortex d’extinction dans la péninsule ibérique.
Un message d’alerte pour Homo sapiens
Le changement climatique a rendu le genre Homo vulnérable et impuissant dans le passé. Et cela pourrait bien se reproduire. “Le changement climatique est un facteur majeur de l’évolution, façonnant l’histoire de la vie sur Terre”, souligne cette étude publiée dans le journal One Earth.
“Nous avons découvert que la cause climatique de l’extinction des espèces humaines disparues est directe et incontestable”, affirment les auteurs de l’étude. Selon les auteurs de l’étude, celle-ci est une preuve solide que l’extinction des premières espèces humaines dans le passé a une véritable cause climatique. Ils se font également le relais du mouvement de protestation d’Extinction Rébellion pour réveiller les consciences du monde entier.
Les auteurs notent aussi la régularité de l’effet du changement climatique. “Cette étude fournit la preuve solide que le changement climatique a été un facteur d’extinction commun partagé par tous nos ancêtres”, soulignent-ils.
S’exprimant sur le facteur forçant du changement climatique induit par l’homme et les risques d’extinction pour d’autres espèces, les auteurs de l’étude précisent que la menace posée par le changement climatique anthropique actuel pour la faune mondiale et, par extension, nous-mêmes, est plus puissant qu’on ne le pense généralement.
Sapiens serait-il tombé sur la tête?
Cela fait des décennies que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme en ce qu’il s’agit du changement climatique. Mais, pourtant rien n’est fait pour le contrer ou le ralentir. Au contraire, la révolution industrielle est brandie par les capitaines d’industrie et les politiques comme le progrès de nos sociétés modernes. Et, pendant ce temps les émissions de gaz à effets de serre, elles, s’accélèrent.
Dès 1896, Svante Arrhenius, un chimiste suédois, avait compris que si on doublait le CO2 atmosphérique (de 280 à 560 ppm), on pouvait réchauffer la planète de manière globale d’environ 4°C, similaire à une transition d’une période glaciaire à une période interglaciaire.
Il y a, ensuite, eu Charles Keeling, scientifique américain, avec sa célèbre figure de Mauna Loa. Il démontra comment à partir des années 50 nous avons fait exploser la petite fenêtre de CO2 dans laquelle nous sommes restés pendant près d’un million d’années.
Le premier rapport de la communauté scientifique, le rapport Charney, arrive en 1979 et annonçait le réchauffement climatique. Il n’a pas eu l’écho souhaité. Il a fallu attendre les forages de Vostok avec Jean Jouzel et Claude Lorius en 1987 qui révèlent ainsi à l’humanité l’évolution du CO2 atmosphérique sur un cycle glaciaire-interglaciaire (160 000 ans).
Nous sommes bien partis pour le worst-case scenario, le fameux RCP 8.5. Homo sapiens saura-t-il prendre les virages nécessaires pour subsister sur Terre? Saura-t-il faire face aux marchands de doute?
Dans cette valse à 4 temps de l’évolution climatique, l’intru c’est bien l’homme. Avec l’anthropocène, on assiste à un démarrage fulgurant des températures à la hausse. Si le climat a toujours varié dans l’histoire de la Terre, jamais il n’a bougé comme du fait de l’homme depuis 2 siècles.
Les trois facteurs qui influencent le climat de la Terre n’agissent au plus vite qu’en dizaines de milliers d’années avec les paramètres orbitaux. Cela va jusqu’à des dizaines de millions d’années pour la tectonique des plaques et en milliards d’années pour la luminosité du Soleil qui augmente de 7% chaque milliard d’années.
Il nous faut remonter au Pliocène moyen, à 3 millions d’années, pour avoir un climat proche de ce que nous avons aujourd’hui. Il y avait 400 ppm de CO2 et la Terre était tectoniquement comme elle est aujourd’hui. La température était alors supérieure de 2°C et le niveau marin était de 10 à 15 mètres supérieur à aujourd’hui. Il n’y avait, à ce moment, pas de Groenland (6 m de niveau marin) et pas d’Antarctique de l’ouest (3-5 m de niveau marin). Cela dans un climat plutôt stable.
Aujourd’hui nous sommes, au contraire, dans un climat transitoire avec 9 milliards d’humains qui changent le climat d’une manière fulgurante en seulement 2 siècles. Cette transition climatique s’accompagne d’énormes changements environnementaux. Et, surprise… Les périodes de changement climatique qui ressemblent le plus à la nôtre, de par leur fulgurance, sont les périodes des 5 grandes extinctions de masse. Voilà donc, comment nous, Homo sapiens, entrons dans l’Anthropocène.
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