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Economie

MCB Focus : Une croissance à 7,5% en 2021, si Maurice fait preuve de résilience…

MCB Building St Jean

Le premier groupe bancaire de Maurice, le MCB Group vient de publier une nouvelle édition de son rapport d’analyse économique, MCB Focus, dans lequel, une contraction du Produit Intérieur Brut (PIB) mauricien de 14,3%, est prévue, cette année. Selon ses prévisions, Maurice renversera la vapeur en 2021, avec un de croissance prévue à 7,5%, soit avec un niveau d’activité estimé à environ 92% du niveau de 2019.

« Une reprise plus lente au second semestre au milieu des effets de la fermeture prolongée des frontières internationales du pays avant sa réouverture, de manière échelonnée, le 1er octobre », sont parmi les raisons de cette prévision revue à la baisse. Le MCB Group avait, plus tôt cette année-ci, dans le précédent MCB Focus, prévu une décroissance de 11% du PIB mauricien. 

« Nous prévoyons désormais que la valeur ajoutée du secteur du tourisme mauricien se contracte d’environ 75% en termes réels cette année.  Le ralentissement aigu du secteur du tourisme et de l’hôtellerie, en raison des retombées directes et indirectes de ce dernier sur l’économie, entraînerait un ralentissement plus prononcé que prévu dans un large éventail de secteurs économiques », écrit le Chief Strategy Officer du MCB Group,  Gilbert Gnany.  

Pour 2021, l’auteur du document table sur une croissance de 7,5%. Ces prévisions sont notamment basées sur un niveau d’activité estimé à environ 92% du niveau de 2019 en termes réels. « La qualité de la croissance projetée mérite d’être examinée dans la mesure où elle dépendrait de la capacité intrinsèque du pays à faire preuve d’une résilience adéquate et à se remettre de la tempête actuelle, tout en maintenant une forte dynamique de croissance qui préserve l’emploi dans les secteurs touchés tout en créant de nouvelles opportunités d’emploi dans les années à venir ».

Il est souligné que l’industrie de l’hôtellerie ne sera pas sortie de l’auberge en 2021, avec l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies, estimant  que le retour au niveau de 2019, en termes de voyages mondiaux de passagers, prendrait entre 2 ans et demi et 4 ans.

Quant au secteur des services financiers, il resterait, l’année prochaine, sous les feux des projecteurs, car les autorités sont confrontées au défi de retirer la juridiction de la liste des  juridictions sous surveillance accrue  du Groupe d’action financière (GAFI), et de la liste noire de l’UE. « De manière encourageante, les autorités ont démontré leur engagement politique de haut niveau à retirer Maurice de ces listes et à préserver le positionnement concurrentiel du Centre financier international du pays, avec des mesures clés prises pour mettre en œuvre les cinq recommandations restantes dans le cadre du Plan d’action du GAFI, y compris l’adoption de la loi de 2020 contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme (dispositions diverses), la mise en place d’un comité de haut niveau pour superviser la mise en œuvre du plan d’action du GAFI et les discussions avec le Groupe mixte Afrique / Moyen-Orient du GAFI ».

Le Chief Strategy Officer explique que le taux de croissance pourrait  être supérieur, si il y a une amélioration plus rapide que prévu des conditions économiques mondiales – notamment sur nos marchés clés. Ou encore de la découverte plus tôt que prévu et de la diffusion généralisée d’un traitement ou d’un vaccin efficace qui aide à freiner la contagion du virus COVID-19 dans le monde. « Cela contribuerait, à son tour, à restaurer la confiance des entreprises et des consommateurs, avec des ramifications positives sur le commerce extérieur du pays en biens et services, notamment une reprise plus forte du secteur du tourisme .. », explique-t-il.  

La croissance économique pourrait aussi être boostée si l’investissement national, stimulé par un taux de mise en œuvre rapide des projets d’infrastructure publique, dépasse les tendances historiques. Sans oublier une reprise plus importante de l’investissement privé. 

Il y a également des risques qui peuvent avoir l’effet contraire, résultant ainsi à une croissance inférieure. Des risques qui ont une probabilité de matérialisation qualifiée de faible à modérée.

Ils  sont: une nouvelle aggravation de la conjoncture économique mondiale associée à une résurgence des cas de COVID-19 à travers les pays et un retard dans la découverte d’un vaccin efficace pour freiner sa transmission. Mais aussi une plus grande volatilité sur les marchés financiers internationaux ayant un impact sur les capitaux et les flux financiers et induisant de nouvelles pressions sur la roupie et donc sur les coûts des intrants; et  des retards dans la mise en œuvre des projets d’infrastructure publique.

La croissance pourrait également être freinée par les ramifications d’une éventuelle hausse des prix du pétrole dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, ainsi que par les effets d’entraînement d’une présence plus longue que prévu de Maurice sur les listes du GAFI et de l’UE,

« Bien que sa probabilité d’occurrence soit faible en l’état, la réintroduction de restrictions en cas de détection de nouveaux cas locaux positifs à Maurice pourrait potentiellement faire dérailler la reprise prévue », précise Gilbert Gnany. 

Une détérioration des paramètres budgétaires pourrait aussi avoir une incidence sur la cote de crédit du pays, avec d’éventuelles retombées sur le secteur financier et sur les efforts du pays pour accéder aux marchés financiers mondiaux.

Le document revient aussi sur l’état des finances publiques. « Les dépenses totales ont augmenté de 53% au cours de la période mars-juillet 2020, par rapport à la période correspondante de l’année dernière,  pour atteindre  Rs 81,2 milliards, avec des augmentations notables des subventions dans le cadre de ‘Wage Assistance Scheme’ ainsi que des prestations sociales », est-il souligné. . 

 En revanche, les recettes fiscales totales ont enregistré une forte baisse au cours de la période sous revue, principalement expliquée par une baisse notable des impôts sur les biens et services et, dans une moindre mesure, une baisse des impôts sur le revenu et les bénéfices.

« Dans l’ensemble, le déficit budgétaire s’est élevé à Rs 43,9 milliards au cours de la période, comparé à Rs 5,1 milliards au cours de la même période de l’année dernière », peut-on lire.

La dette du secteur public, en terme brut,  était, quant à elle, estimée à 81,7% du PIB en juin dernier. «Alors que les autorités s’attendent à ce que le budget soit équilibré au cours de l’exercice 2020/21 en raison de la contribution exceptionnelle de 60 milliards de roupies de la Banque de Maurice pour faire face aux dépenses récurrentes et en capital, les métriques budgétaires vont probablement être pressurisées par les ramifications de la pandémie, ainsi que les mesures de soutien aux acteurs du secteur du tourisme en particulier », précise le Chief Strategy Officer. À ce titre, une priorité essentielle, à mesure que la pandémie s’atténue, serait de soutenir la reprise économique dans un souci de “cost-effectiveness » et de favoriser des plans de réforme à moyen terme crédibles pour assurer la viabilité budgétaire , ajoute-t-il.