Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, n’a ni confirmé, ni démenti s’il a effectivement effectué des paiements en cash avoisinant les Rs 4 millions à Bel Air Sugar Estate, dans le cadre de l’acquisition d’un terrain à Angus Road.
La séance de l’Assemblée Nationale a une fois de plus été mouvementée en ce mardi 17 novembre. La Private Notice Question (PNQ) du Leader de l’Opposition, Arvin Boolell, une fois de plus, a créé le chaos. Pour cause, la PNQ était une nouvelle fois axée sur l’enquête entourant l’achat d’un terrain à Angus Road, Vacoas, par le Premier ministre, Pravind Jugnauth.
La séance a notamment vu l’expulsion des députés Shakeel Mohamed et Patrick Assirvaden, par le Speaker, Sooroojdev Phokeer. Expulsé de l’hémicycle, pour la énième fois, le député Shakeel Mohamed affirme que “l’agenda du Speaker est d’expulser les parlementaires qui gênent le gouvernement”.
Répondant aux questions d’Arvin Boolell, le Premier ministre mauricien a fait la chronologie de l’enquête de l’ICAC sur cette affaire. “I have been informed by ICAC that a first investigation started on 15th of march 2011 and was discontinued on 9th may 2011, as no evidence or offences was disclosed under the Prevention of Corruption Act, or the Financial Intelligence and Anti Money Laundering Act. A second investigation was started on 20th of October 2013 and was discontinued on 27th of June 2014”, a-t-il déclaré.
Il ajoutera qu’à la lumière des nouvelles plaintes déposées cette année-ci, l’enquête de l’ICAC est « on-going ». « Since there is a new investigation ongoing, requested information cannot be divulged, by virtue of section 81 (2) of Prevention of Corruption Act”, a dit Pravind Jugnauth.
Interrogé sur le fait qu’il a effectué des paiements en cash d’un montant totalisant Rs 4 millions, à Bel Air Sugar Estate, Pravind Jugnauth a été peu loquace. “I can say and confirm that ICAC, at that time, found that no offense has been committed”.
Pravind Jugnauth a cependant confirmé qu’il n’a jusqu’à présent jamais été convoqué par l’ICAC. « There is no case » a insisté le Premier ministre.
Animant une conférence de presse juste après, Arvin Boolell affirme : « combien de temps tolérerons-nous ce gouvernement qui n’a pas sa légitimité et qui asphyxie la démocratie parlementaire ? »
“Le moment est arrivé”
Il a lancé un appel au patriotisme. « Si vous aimez votre pays en tant que citoyen, il faut que nous tous agissons en patriotes. On ne peut pas laisser notre pays basculer dans une situation où notre république devient une république bananière. Je lance un appel aux citoyens à se réveiller. Notre pays passe avant tout. Ce pays n’appartient pas à un parti politique, à un leader politique ou au Premier ministre. C’est notre pays. Il faut que ce réveil soit fait dans le respect de la loi. Le moment est arrivé », a-t-il dit.
Dans une vidéo publiée sur sa page facebook, Shakeel Mohamed affirme que l’affaire Angus Road embarrasse le gouvernement. Il ajoute qu’à aucun moment, le Premier ministre n’est venu présenter des documents pour soutenir ses dires à l’effet que l’ICAC a stoppé son enquête en 2011 ou en 2014.
« Le POCA dit que ce n’est que le DPP qui peut stopper une enquête. L’Icac ne peut «discontinue » une enquête comme l’a affirmé Pravind Jugnauth… Pourquoi le directeur de l’ICAC n’a pas publié de communiqué pour venir soutenir les dires du PM », dit-il.
Revenant sur son expulsion du parlement, le député du Parti travailliste explique : “ J’ai été suspendu non seulement pour la séance d’aujourd’hui, mais pour quatre séances supplémentaires. Pourquoi? parce que j’ai fait mon travail de parlementaire et j’ai posé des questions qui font mal au gouvernement…J’ai été élu. Les gens me disent de poser des questions contre la fraude et la corruption. Ils veulent la vérité”.
Il affirme qu’il ne peut plus faire son travail de parlementaire. “L’agenda du Speaker est d’expulser les parlementaires qui gênent le gouvernement”, dit-il.
Le Whip de l’Opposition affirme qu’il a vu le Premier ministre sortir du bureau du Speaker juste avant que ce dernier n’annonce son expulsion. “ Est-ce que vous allez me dire que cette décision n’a pas été prise par eux (ndlr: le gouvernement)?”
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