Home » Bruneau Laurette, de Linion Sitwayin : « C’est par négligence des autorités que le Sud-Est est une zone sinistrée »
Societé

Bruneau Laurette, de Linion Sitwayin : « C’est par négligence des autorités que le Sud-Est est une zone sinistrée »

Le wakashio échoué a l'île Maurice

Avec les actualités politiques qui défraient la chronique, on oublierait que Maurice fait face au pire drame écologique de son histoire, avec le déversement de 1,000 tonnes d’hydrocarbures dans le sud-est du pays. Les pêcheurs de la région dénoncent le manque de considération des autorités à leur égard. Ils ont fait appel à Linion Sitwayin pour les aider.

L’association Soleil Levant de Bambous Virieux a organisé, hier, une rencontre avec les pêcheurs affectés par le naufrage du MV Wakashio. La nouvelle organisation citoyenne lancée le 7 décembre dernier, à savoir Linion Sitwayin, a également été invitée avec la présence de l’activiste citoyen, Bruneau Laurette. 

Gilbert Ducasse et Ivor Tan Yan, respectivement responsable du pôle Education et responsable du pôle des relations industrielles et de la formation, ont également assisté à la rencontre, dans le but d’apporter leur aide. 

Les pêcheurs, affectés par le déversement d’hydrocarbures par le vraquier japonais, sont au chômage forcé depuis le mois d’août dernier. 

Ils affirment avoir été floués par le gouvernement, avec le non-respect des promesses faites. Le président Patrick Michael Souci, de l’association Soleil Levant de Bambous Virieux, explique que nombreux sont les professionnels de la mer qui n’ont pas perçu les allocations promises par le gouvernement, notamment pour les mois d’octobre, novembre et de décembre. 

Le gouvernement avait annoncé une allocation mensuelle de Rs 10,200 aux pêcheurs, poissonniers ou encore les plaisanciers du Sud-Est. Cette somme provient du Solidarity Grant, introduit sous le Solidarity Fund par le gouvernement. 

Outre le non-paiement de cette allocation, les pêcheurs du Sud-Est soulignent que la somme est loin d’être suffisante pour joindre les deux bouts. Ce manque à gagner est conséquent, expliquent-ils. 

Jean Moutou, pêcheur de Trou d’Eau Douce, déclare qu’il percevait « beaucoup » plus que la compensation, lorsqu’il pêchait. “Avant le naufrage du Wakashio, soit avant que la mer ne soit polluée et qu’on pouvait pêcher, nos enfants avaient de quoi manger quand on rentrait le soir. Aujourd’hui on est stressé car on ne sait pas de quoi demain sera fait“. 

On est en train de souffrir, on garde espoir que le gouvernement intervienne. On souhaite que le gouvernement revoit le dossier du Wakashio, et qu’il organise une réunion de coordination pour que les pêcheurs puissent retrouver leur dignité”, dit Patrick Michael Souci.

La décision du gouvernement d’autoriser la pêche en dehors du lagon, à partir de demain, 12 décembre a été également discuté lors de cette réunion. La pêche à l’intérieur du lagon, elle, reste néanmoins interdite.  

Si certains ont la capacité de s’aventurer en haute mer, pour d’autres, c’est beaucoup plus compliqué, notamment en raison de leur état de santé ou physique, ou parce qu’ils n’ont pas les permis requis pour le faire. Il y a aussi la communauté des pêcheurs aux casiers. 

On a besoin d’environ 2 mois pour construire des casiers. On aurait pu nous informer pour mieux nous préparer, on ne nous a même pas donné de préavis. Qu’allons-nous faire durant ces deux mois, car nos casiers ne sont pas encore prêts”, dit l’un des pêcheurs

Linion Sitwayin compte mettre en place un plan d’action pour venir en aide aux pêcheurs.  

Comme première étape, l’activiste citoyen, Bruneau Laurette a suggéré qu’ils fassent preuve de solidarité et qu’ils restent unis. Il a ainsi proposé qu’ils rejoignent  un syndicat. “Rejoignez au maximum un syndicat. On va travailler avec les syndicats pour des dédommagements. C’est à vous de faire le premier pas, nous sommes là pour vous aider mais ça dépend de vous,” a indiqué Bruneau Laurette. 

Ce dernier ajoute à Aufait.media que ces pêcheurs n’ont pas demandé à ce que le Wakashio fassent naufrage ici. “Cela s’est produit par négligence. C’est par négligence qu’aujourd’hui le Sud-Est est une zone sinistrée”

Il explique que c’est compréhensible que les pêcheurs soient révoltés. “ Il y a un manque de considération de la part des autorités, qui les traitent comme s’ils appartiennent au plus bas de l’échelle sociale. Ils avaient un métier avant cette négligence des autorités. Ils doivent comprendre qu’être pêcheur est un métier. Il ne faut pas les considérer comme des personnes aux plus bas de l’échelle du revenu. Ce ne sont pas des démunis”.

Bruneau Laurette affirme que les pêcheurs souffrent. “La compensation de Rs 10,200 leur est imposée sans leur avoir préalablement demandé si cette somme est suffisante pour vivre. Il y a un manque à gagner, dont ils ne sont pas responsables. Les impacts sont économiques mais aussi sociaux. Il est important et logique que le gouvernement les compense pour les préjudices causés”, dit-il.

Il rappelle que le gouvernement a déjà reçu une partie de la compensation venant du Japon. « Les pêcheurs demandent juste leur dû »,  explique Bruneau Laurette.

Ivor Tan Yan, pour sa part, a ajouté que le métier de pêcheurs a une grande valeur mais qu’à Maurice cela n’a jamais été valorisé. “Ce combat a deux aspects, un aspect financier où les pêcheurs doivent être compensés car ils ne peuvent plus aller pêcher. Et, ils sont aussi affectés car il n’y a plus de touristes. Et deuxièmement pour que le métier de pêcheur soit valorisé”, explique-t-il.L’association Linion Sitwayin, rappelons-le, a comme objectif de rétablir l’équilibre social et combattre l’inégalité, en se dressant comme un mouvement de pression face à des décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt des Mauriciens.