Inédit. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) dues à la combustion des énergies fossiles et de l’industrie, cette année, devraient chuter de 7% par rapport à 2019. Cela, suite aux mesures de confinement prises pour contrer l’épidémie de Covid-19, avec une baisse maximale d’environ 17% au plus fort du confinement en avril.
C’est ce qui ressort du bilan annuel du Global carbon project (GCP) publié le 11 décembre dernier. Cette baisse annuelle des émissions de CO2 est la plus forte baisse jamais enregistrée depuis la Seconde Guerre mondiale.
La pandémie aura au moins été bénéfique pour le climat et représente une véritable bouffée d’oxygène pour la Terre. Il aura donc fallu la pandémie de Covid-19 pour enfin diminuer la hausse des émissions de CO2 de l’humanité. Cela, avec un lourd tribut en vies humaines, soit environ 1,6 millions de morts en cette fin d’année; un décompte qui est loin d’être terminé.
Une occasion unique pour réduire les émissions de CO2
Les dernières estimations du Global Carbon Project (GCP) suggèrent, en effet, que les émissions de CO2, provenant de la combustion de d’énergies fossiles, la fabrication du ciment et autres procédés industriels, atteindront 34 milliards de tonnes de CO2 (Gt CO2) cette année, soit une baisse de 2,4 milliards de tonnes de CO2 par rapport à 2019. Les diminutions significatives précédentes étaient de 0,5 (en 1981, 2009), 0,7 (en 1992), et 0,9 (en 1945) milliards de tonnes de CO2.
Les émissions totales de CO2 provenant des activités humaines (énergies fossiles et changement d’affectation des terres) devraient s’élever à environ 40 milliards de tonnes de CO2 en 2020, contre 43 milliards de tonnes de CO2 en 2019.
Les émissions de CO2 dues à la combustion des énergies fossiles ont chuté dans toutes les plus grandes économies du monde, selon cette étude, à savoir, 12% aux États-Unis, 11% dans l’Union Européenne (UE), 9% en Inde et 1,7% en Chine.
Selon le communiqué, la baisse moins prononcée constatée en Chine est dû au fait que les mesures de restriction ont été plus limitées dans le temps. En effet, ayant rapidement pu contenir la propagation du virus, l’empire du milieu s’est vite empressé de reprendre ses activités industrielles, boostant ses émissions de CO2 à des niveaux pré-Covid.
En incluant les émissions de CO2 dues au changement d’usage des sols, les émissions de CO2 d’origine anthropique s’élèveront cette année à 40 GtCO2, selon les estimations. La concentration de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter en raison d’émissions continues (non nulles), d’environ 2,5 parties par million (ppm) en 2020, et devrait atteindre 412 ppm en moyenne sur l’année.
Il semblerait que, 5 ans après l’accord de Paris, la pandémie Covid-19 vienne porter un coup de massue à la croissance des émissions de CO2 qui commençait déjà à s’essouffler. Un rebond des émissions reste, toutefois, à craindre tout comme cela a été à la suite des précédentes crises économiques. Les plans visant à stimuler l’économie mondiale en réponse à la pandémie de COVID-19 seront ainsi capitales.
Il est cependant trop tôt, souligne le communiqué, pour déduire le niveau du rebond des émissions en 2021 et au-delà. Tous ces facteurs, combinés, représentent une occasion unique de rompre définitivement avec la croissance à long terme des émissions et de commencer à les réduire.
Des réductions des émissions mondiales de l’ordre de 1 à 2 milliards de tonnes de CO2 sont, en effet, nécessaires chaque année entre 2020 et 2030 pour limiter le changement climatique conformément aux objectifs de l’accord de Paris. Le climat mondial, lui, ne se stabilisera que lorsque les émissions mondiales de CO2 seront proches de zéro
Les transports ont connu la plus forte baisse des émissions
Les émissions par les transports en surface (21% des émissions mondiales) ont été réduites de 50% dans les pays au plus fort des confinements liés à la Covid-19. Ce secteur représente la plus grande part de la diminution mondiale des émissions.
Les émissions de l’industrie (22% des émissions mondiales ; par exemple dans la production de métaux, les produits chimiques et l’industrie manufacturière) ont été réduites de 30% dans les pays au plus fort des confinements.
Les émissions provenant de la production d’électricité (44% des émissions mondiales) ont été réduites de 15% dans les pays au plus fort des fermetures COVID. Les émissions du secteur de l’aviation (2,8 % des émissions mondiales) ont été considérablement réduites, d’environ 75 %, dans les pays au plus fort des confinements.
Début décembre 2020, les émissions du transport routier et de l’aviation étaient encore inférieures à leurs niveaux de décembre 2019, d’environ 10 % et 40 % respectivement . Ces deux secteurs agissent, pour l’heure, à maintenir les émissions mensuelles mondiales en 2020 à environ 3 % en dessous de leur niveau de décembre 2019.
Add Comment