L’économie mauricienne est mise à genoux par la pandémie de Covid-19. Quelles sont donc les chemins de la soutenabilité pour Maurice dans le monde d’après ? Au-delà d’une réorganisation classique comme demandée par de nombreux capitaines d’industrie, quels sont les éléments à prendre en compte, dans une relance post-Covid, pour bâtir une réelle résilience de l’économie mauricienne.
La pandémie du Covid 19 révèle l’extrême vulnérabilité de nos sociétés, prises au dépourvu. Elle a ébranlé les systèmes économiques, de plus en plus complexes et interdépendants. La crise est là pour durer. La situation ne s’arrange pas dans les principaux marchés d’exportation et touristiques de l’ile Maurice. Des confinements encore plus stricts sont annoncés à la veille de Noël jusqu’au mois de janvier.
Alors que l’économie mauricienne est à genoux, certains capitaines d’industrie montent au créneau pour réclamer du changement. Au menu, ouverture de Maurice aux riches acquéreurs fonciers, artificialisation des sols toujours grandissante avec des City smart et des projets hôteliers sur des zones écologiquement sensibles. Tout cela, dans un marasme politique à faire blêmir les plus grands mafieux de la planète.
Quelle relance économique post-Covid?
La réduction de 7% des émissions de CO2 d’origine anthropique en 2020 est vue comme une occasion unique pour réduire les émissions de CO2. Les green deal et les plans de relance verte s’annoncent en fanfare. Et même la Chine s’y met avec l’annonce de sa neutralité carbone en 2060.
Selon une vaste étude publiée par l’Oxford review of economic policy en mai dernier, de nombreux économistes sont d’avis que privilégier la relance économique en faisant fi du coût environnemental, comme lors des crises précédentes, serait en effet une erreur monumentale sur le plan écologique et économique.
Dans un document intitulé “Mettre la relance verte au service de l’emploi, des revenus et de la croissance”, mis à jour le 6 octobre 2020, l’OCDE explique que la pandémie est inextricablement liée aux problèmes environnementaux mondiaux, comme la perte de biodiversité, le changement climatique, la pollution de l’air et de l’eau ou la gestion des déchets.
Il semble bien qu’il y ait un certain consensus sur la dangerosité de suivre à nouveau une relance rapide et polluante au détriment de l’écologie. Si l’on souhaite vraiment une croissance économique, elle serait d’autant plus importante que si les investissements se dirigeaient vers les infrastructures et technologies écologiques ainsi que dans le capital humain et naturel.
Reprise économique à la fois verte et inclusive
La question est donc de savoir comment tirer parti de la pandémie de Covid-19 pour mettre en œuvre une reprise économique à la fois verte et inclusive. Cela, dans un souci de renforcer sensiblement la résilience de nos économies et de nos sociétés face à la forte récession et aux enjeux environnementaux grandissants.
Cette pandémie nous invite à une réflexion systémique. Ceci, afin d’anticiper les prochaines crises dont certaines sont déjà annoncées, mais surtout les éviter ou, au moins, les atténuer.
On semble oublier sur cette petite île que pour répondre à ces défis complexes qui s’annoncent, penser à un développement durable (avec une soutenabilité forte) implique deux impératifs conjoints: la préservation de la biosphère sur laquelle nos sociétés s’appuient et celle de la justice sociale.
On parle de réinventer l’industrie touristique alors qu’avec la crise climatique qui s’intensifie, la raison d’être même d’une industrie touristique ciblant des marchés émetteurs à 10.000 km ne fait plus sens. Cela, sans même prendre en considération la pression exercée par une telle industrie sur l’environnement.
Les technologies innovantes pourraient augmenter la productivité et requièrent une main-d’œuvre moins importante. Mais cette crise inédite nous permet de démystifier la technologie comme seul vecteur de solution à l’échelle de nos sociétés. La technologie doit servir l’humain. La Covid-19 nous rappelle notre nature fondamentalement humaine.
Les chemins de la soutenabilité pour le monde d’après
Qu’est-ce qui change dans ce monde d’après? Quelles mutations économiques et sociales sont nécessaires pour y parvenir? Et, quelles transitions profondes de notre rapport à notre environnement cela suppose?
Lors d’un webinaire organisé par l’Université Paris-Saclay, le média en ligne The Conversation et l’Agence Universitaire de la Francophonie, Patrick Schembri, économiste à l’UVSQ, nous donne une synthèse éclairée.
En ce qu’il s’agit de l’agenda post-Covid et climatique, on voit émerger certains biens et services et certaines activités et des métiers qui prennent une dimension stratégique en situation de crise , à savoir, la santé, denrées alimentaires, le numérique et l’énergie, entre autres.
Cette crise est ainsi une remise en cause de la mondialisation dans ses formes actuelles dominée par les marchés et un certain retrait de l’Etat dans l’économie, c’est-à-dire à une régulation par les flux, notamment financiers, et ses chaînes de création de valeurs.
La pandémie révèle un enjeu important du renforcement du modèle de l’État nation (pas d’un État corrompu) avec la construction des régulations futures qu’attendent les populations qui n’arrêtent de se soulever. Elle révèle la nécessité de se constituer des stocks de biens essentiels pour se prémunir contre l’émergence d’autres crises éventuelles qui arrivent.
Ce qui paraît fondamental à prendre en considération est la relation entre croissance économique et enjeux environnementaux et la nécessité d’envisager d’autres formes de régulation plutôt centrées sur la notion de stock avec un critère de référence, à savoir, la résilience.
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