Les dépenses de consommation des ménages mauriciens étaient en berne en 2020. Ces derniers auraient dépensé Rs 55 milliards de moins qu’en 2019, selon les données de Statistics Mauritius. C’est la première fois depuis 1980 que les dépenses de consommation des ménages mauriciens sont en décroissance. Par ailleurs, la Banque Centrale souligne que la capacité des ménages à rembourser leurs dettes s’est détériorée.
Les dépenses de consommation des ménages mauriciens devraient atteindre Rs 323 milliards en 2020, selon le bureau national des statistiques, contre Rs 378 milliards en 2019. Il faut remonter à 2016 (Rs 320 milliards) pour voir un tel niveau de dépenses de consommation. La contraction des dépenses de consommation des ménages mauriciens est estimée à 16,8%.
Et il faut remonter à 1981 pour voir les dépenses de consommation des ménages mauriciens évoluer en zone négative (1981 : -3,1%).
Commerce de gros et de détail : 4ème secteur le plus affecté
Statistics Mauritius souligne dans son National Accounts, publié fin 2020, que le secteur du Commerce de gros et de détail a grandement souffert l’an dernier. Ce pilier économique devrait connaître une contraction de 12% en 2020.
Ce secteur est le quatrième pilier économique du pays le plus touché l’an dernier, responsable notamment de 1,5% de la décroissance totale du PIB de l’île Maurice. Il se place derrière l’industrie touristique, contribuant 4,7% de la décroissance annuelle, de la manufacture (-2,5%), et du secteur du transport et stockage (-1,8%).
Pour rappel, l’île Maurice devrait enregistrer une décroissance de son PIB d’environ 15% en 2020.
Cette baisse de la consommation résulte principalement de l’effet de la Covid-19, qui a eu un impact sur les revenus mais aussi les dettes des ménages.
Ces dernières représentent un tiers du crédit bancaire accordé au secteur privé. Cependant, la croissance du crédit aux ménages a ralenti, passant à environ 5 % en juin et septembre 2020 contre de 9,2% en mars 2020.
« Une attitude de précaution des ménages mauriciens »
« La décélération du crédit aux ménages est une conséquence directe de la pandémie Covid-19. L’imposition du confinement national et des restrictions de mouvement pendant environ dix semaines a initialement conduit à une pause temporaire dans la plupart des emprunts des ménages », explique la Banque Centrale dans son dernier Financial Stability Report.
Et d’ajouter que: « bon nombre des personnes employées dans les secteurs les plus touchés, à savoir le tourisme, l’industrie manufacturière, les transports et d’autres sous-secteurs indirectement liés, ont déclaré des pertes de revenus et d’emplois. L’augmentation du chômage et la baisse des revenus dans un climat incertain ont incité de nombreux ménages à adopter une attitude de précaution en reportant les projets de logement et en réduisant la consommation d’articles non essentiels ».
Le crédit bancaire aux ménages est dominé par le crédit au logement, qui représentait 65,5% du crédit total aux ménages en septembre 2020.
Au total, l’endettement des ménages, regroupant le crédit des ménages auprès des banques, des institutions de dépôt non bancaires (IFNB), des sociétés d’assurance et de crédit-bail, a fortement augmenté, passant de 33,8% du PIB au premier trimestre 2020 à 39,2% au 3ème trimestre 2020.
La Banque de Maurice souligne que la capacité des ménages à rembourser leurs dettes s’est détériorée. Le ratio du service de la dette des ménages, calculé par rapport au PIB, est passé de 6% au premier trimestre 2020 à 6,6% au troisième trimestre 2020.
Dettes de Rs 105 Mds restructurées
Depuis le début de la crise, les banques se sont engagées avec leurs clients touchés par le Covid-19 pour différer les remboursements de prêts. Fin octobre, le montant des prêts restructurés dans le système bancaire (ménages et entreprises confondues) s’élevait à Rs 105,6 milliards. Environ 10% des dettes restructurées appartiennent aux ménages mauriciens.
Les NPL (Non Performing Loans) ou prêts non-productifs ont augmenté d’environ Rs 600 millions au troisième trimestre de 2020 pour atteindre Rs 41,4 milliards à fin septembre. Le ratio de NPL en pourcentage des prêts bancaires, s’est dégradé, passant de 5,3% à fin juin à 5,5% à fin septembre 2020.
« Compte tenu des perspectives économiques incertaines et de l’augmentation du chômage, les pressions sur le revenu des ménages et la capacité de remboursement de la dette devraient prévaloir », explique la Banque de Maurice.
Si le secteur bancaire reste exposé à la solvabilité des ménages, « le risque est dans une certaine mesure atténué », argue le régulateur bancaire, notamment « par le maintien d’une politique monétaire accommodante, qui assure des taux d’intérêt relativement bas, et par la multitude de mesures de soutien aux ménages ».
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