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Désobéissance Civile: Acte 1?

Les Mauriciens qui sont descendus à Port-Louis, hier, 7 janvier, pour soutenir la veuve Simla Kistnen et le panel d’avocats dans la private prosecution contre le ministre Yogida Sawmynaden pour emploi fictif, ont fait valoir leur droit au mouvement malgré la forte présence policière. 

C’est ce qui ressort d’une discussion en live sur Facebook animée par 100% Citoyens. C’est une preuve de désobéissance civile, disent les participants. Le 7 janvier marque le premier acte d’une mobilisation des citoyens mauriciens, selon eux. 

Bruneau Laurette, activiste-citoyen, indique au cours de cette discussion, que les Mauriciens qui sont descendus à Port-Louis, hier, ont en effet fait usage de leurs droits en vertu de la Constitution et des lois de ce pays. Et, à bien y regarder, selon lui, ces Mauriciens ont, malgré eux, fait un acte de désobéissance civile en faisant valoir leur droit au mouvement malgré la forte présence policière. 

A aucun moment il n’y a eu de dérapage et à aucun moment il n’y a eu non-respect des lois, dit-il. Il a remercié les personnes présentes qui n’ont pas eu peur de ce qu’il appelle un “État militaire”. “Nous nous sommes exprimés. Nous avons exprimé notre mécontentement contre ce gouvernement. Nous ne sommes pas d’accord que des ministres se considèrent au-dessus des lois. Ce sont des citoyens Mauriciens comme nous tous”, soutient-il.

Il y a bien eu, ce 7 janvier, désobéissance civile malgré le déploiement extraordinaire des forces policières et militaires car, ajoute Ivor Tan Yan, membre du parti 100% Citoyens et de l’association de Linion Sityawin, les Mauriciens ont suivi leur conscience et ont fait ce qu’ils jugent juste, à savoir, soutenir Simla Kistnen, le panel d’avocats qui mène ce combat à la cour et, surtout, parce qu’ils veulent vivre dans un État de droit. 

Il fait, par ailleurs, ressortir qu’il y avait des Mauriciens de toutes les communautés et de toutes les régions de l’île. Un élément particulièrement important, selon lui, eu égard aux récentes campagnes de désinformation prenant pour cible Bruneau Laurette. 

D’emblée les participants à cette discussion ont fait ressortir que les moyens déployés par la police pour la protection d’un seul ministre étaient “disproportionnés”.“ Est-ce qu’un tel arsenal policier et militaire sera déployé si c’était moi qui était convoqué en cour? Car, selon la Constitution, j’ai les mêmes droits que lui”, s’interroge Bruneau Laurette. 

Un tel déploiement policier et militaire, s’est étonné Dev Sunnasy membre de 100% Citoyens, est digne d’une véritable mafia de la drogue comme on peut voir en Amérique latine. 

Heureusement, comme l’explique le professeur Rajen Narsinghen, juriste et professeur de droit à l’Université de Maurice, la grande partie de la force policière a joué le jeu. Il est extraordinaire qu’il n’y ait pas eu de violence de la part de la police sauf deux cas d’excès de zèle, dit-il. 

Malgré ce que Rajen Narsinghen, qualifie de terrorisme d’État, il est assez exceptionnel que les Mauriciens soient venus à Port-Louis en ce 7 janvier car, on le sait bien, traditionnellement l’heure est plutôt à la fête, explique-t-il.  “De fait, la mobilisation de ce 7 janvier est une sorte de désobéissance civile malgré le fait que certaines personnes ont voulu, délibérément, faire croire que ce droit ne nous appartenait pas”,souligne-t-il. 

La présence de nombreux Mauriciens, selon Rajen Narsinghen, représente le réveil d’un engagement citoyen. Les gouvernements vont et viennent. Le peuple ne doit avoir peur de personne, ajoute-t-il. Les citoyens, explique-t-il, doivent connaître leurs droits constitutionnels; les droits fondamentaux qu’on appelle les libertés publiques. 

Mais, certaines personnes ne l’entendent pas de cette oreille. Pour des raisons bassement communales et ‘castéistes’ le pays a basculé dans une dictature avec une mafia mêlant politique et finance qui s’organise. Il est dans l’intérêt du Premier ministre actuel de se débarrasser de cela”, rétorque-t-il. 

Et d’ajouter que “quand on est au pouvoir, il ne faut pas s’agripper au pouvoir. Le pouvoir s’acquiert et se perd. C’est le propre du pouvoir. Ces derniers temps, certaines personnes s’agrippent au pouvoir quel qu’en soit le coût. Mais ce n’est pas dans l’esprit de la démocratie”. 

Ivor Tan Yan argue que l’attachement au pouvoir a fait qu’à Maurice il n’y a pas eu de renouvellement de la classe politique depuis 50 ans. “Aujourd’hui, toutes ces personnes qui sont derrière ces leaders politiques sont des ‘roder bout’ qui n’ont jamais osé faire entendre leur voix contre leur leader pendant des années. C’est en raison de cela qu’elles ont toujours leur place au sein de ces partis”, dit-il. 

Ivor Tan Yan explique qu’il y a une culture, à Maurice, selon laquelle ce doit toujours être les mêmes qui dirigent ce pays. Il pointe du doigt le castéisme qui règne à Maurice, selon lequel c’est une certaine caste seule qui peut diriger l’île Maurice. “On est en voie de changer cela mais il y a encore un travail de conscientisation à faire et, surtout, de prise de conscience de la part des Mauriciens”, clame-t-il