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Biodiversité: Le tourisme est-il une menace pour la nature?

Les activités de loisirs sont particulièrement mises en cause dans le dérèglement étendu des espèces sauvages; ce qui représente un risque accru pour la biodiversité. Il y a une nécessité de réduire les impacts négatifs des activités humaines sur le comportement des animaux. 

Les activités humaines altèrent les mouvements des animaux. Le tourisme et les loisirs, la construction d’infrastructures, la chasse, le transport et la pêche, entre autres, entraînent des effets négatifs sur la condition physique, la survie et la viabilité des espèces.

Réduire l’impact de la construction et le tourisme

C’est ce qu’une étude conjointe de l’Université de Sydney et la Deakin University, publiée ce 1er février, affirme tout en indiquant que l’occurrence et la nature de ces impacts à travers les diverses espèces n’ont pas pu être quantifiées. 

Pour les besoins de ces travaux, l’équipe australienne a compilé 208 études sur 167 espèces provenant d’écosystèmes terrestres et aquatiques à travers le monde afin d’évaluer comment les perturbations humaines influencent les mouvements des animaux. 

L’étude démontre ainsi que les perturbations causées par l’homme ont des impacts étendus sur les déplacements des oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, poissons et arthropodes. Plus des deux tiers des cas étudiés révèlent des augmentations de 70% en moyenne des distances parcourues en raison des activités humaines. 

Les perturbations causées par les activités humaines, telles que les loisirs et la chasse, ont des effets très importants sur les déplacements des animaux. D’autres activités comme l’exploitation forestière et l’agriculture ont un effet moindre sur la modification des habitats naturels. 

Les résultats de cette étude indiquent clairement une restructuration globale du mouvement des animaux et soulignent la nécessité de réduire les impacts négatifs des humains sur les mouvements des animaux.

Il convient, comme l’indiquent les chercheurs de cette étude, de préserver les habitats naturels avec l’identification des zones environnementales sensibles et/ou protégées et, aussi, à urgemment réguler l’artificialisation des sols dont la construction ainsi que l’industrie du tourisme. 

Dangereux déclin de la nature

En plus de cet impact direct sur le comportement des animaux, il est à craindre des effets en cascades sur les processus des écosystèmes par les activités humaines, d’autant plus que le dernier rapport de l’IPBES fait état d’un dangereux déclin de la nature avec un taux d’extinction des espèces sans précédent et qui s’accélère.

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dans son rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques en 2019, alertait ainsi que la réponse mondiale actuelle est insuffisante et que des « changements transformateurs» sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature.

Selon le rapport de l’IPBES, 75% du milieu terrestre a été “sévèrement altéré” par les activités humaines. Il est estimé qu’en 2000, 87% des zones humides présentes au 18e siècle ont été perdues. Le groupe d’experts de l’ONU estime que 12,5% des espèces sur Terre sont menacées d’extinction. On parle volontiers de la 6e extinction de masse.

Pour ce qui est des océans et de la pêche, le rapport de l’IPBES indique que 50% des récifs coralliens ont disparu depuis 1870. Un état de fait très important quand on sait que les récifs coralliens hébergent le quart de toutes les espèces marines et fournissent des moyens d’existence dans le domaine de l’écotourisme.

De plus, il est à noter que 55% des zones océaniques sont exploitées par la pêche industrielle et qu’en 2015 on faisait état que de 33% des stocks de poissons marins en raison de la surexploitation des ressources marines. 

Selon le rapport, au moins 680 vertébrés ont disparu de la surface de la planète à cause de l’homme depuis le 16e siècle et 40% des amphibiens sont menacés d’extinction. Et pour ce qui est des habitats naturels terrestres, le rapport souligne que 32% des forêts ont été perdues par rapport à la période préindustrielle. 

Selon les experts sur la biodiversité des Nations unies, plus des trois quarts des terres et 40% des océans de la planète ont déjà été considérablement dégradés par l’homme.

Changement climatique et migration des espèces

A tout cela, il nous faut composer avec les effets du changement climatique dont les causes anthropiques ne sont plus à démontrer. Le changement climatique est, désormais, désigné par  l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme la principale menace au Patrimoine mondial naturel. 

Qu’en est-il de la l’évolution générale vers laquelle se dirige le vivant sous l’effet du changement climatique? Les différentes projections qui ont été faites sur divers groupes taxonomiques (espèces) montrent une perte de biodiversité importante, de 10% à 40%, selon les régions et les espèces due au changement climatique. 

On se dirige donc vers un appauvrissement accru d’une très large proportion de la biodiversité, avec les scénarios les plus optimistes qui indiquent une perte d’au moins 10%. Tout cela, dans un contexte de perte de la biodiversité du fait de la dégradation des habitats naturels, de la surexploitation, des invasions biologiques et de la pollution du fait de l’homme. Le changement climatique n’est donc qu’une couche supplémentaire à cette perte massive de la biodiversité dans les décennies qui arrivent.

Il est désormais établi que le changement climatique a des conséquences directes sur les espèces marines. L’abondance, la diversité et la distribution s’en trouveront modifiées, de même que leur alimentation, leur développement et leur reproduction.  

Les espèces ont des comportements variables face à la hausse des températures selon les capacités d’adaptation dont elles sont capables. Certaines s’adaptent aux changements de température, d’autres migrent vers les pôles ou vers de nouvelles zones. Celles qui sont incapables de s’adapter finissent par disparaître. 

Les stocks de poisson se déplacent. Le réchauffement des océans fait migrer de nombreuses espèces marines en direction des pôles et/ou vers les profondeurs pour retrouver leur ‘preferendum’ thermique, à la recherche d’eaux plus froides. Et on assistera ainsi à une migration croissante des espèces en direction des eaux plus tempérées.

Ajouté à la surpêche et à la pollution, le changement climatique impactera lourdement les ressources alimentaires des populations humaines. On est en droit de se s’interroger sur le sort des petits États insulaires en développement (PEID) perdues au milieu de l’océan Indien comme Maurice; le poisson étant une source de protéine animale importante.