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Nature

Vikash Tatayah, Directeur de la conservation à la MWF : « Nous avons perdu plus de trente espèces d’animaux »

Oiseau à Lunette / Merle Cuisinier

Ce 3 mars, on célèbre la Journée internationale de la faune. Aufait.media est allée à la rencontre de Vikash Tatayah, directeur de la conservation à la Mauritian Wildlife Foundation, une ONG présente à Maurice, depuis 1970.

Vikash Tatayah, directeur de la conservation à la Mauritian Wildlife Foundation

Quel est votre constat de l’état de la faune mauricienne?

La faune et la flore restent menacées. L’île Maurice a connu un certain succès en ce qu’il s’agit de la conservation de certaines espèces, mais ce succès reste fragile car plusieurs facteurs peuvent venir perturber le bon déroulement des choses. 

L’échouage du MV Wakashio, dans le sud-est du pays, non loin de quelques îlots qui abritent plusieurs espèces de reptiles, en est un exemple concret. Les accidents peuvent arriver à tout moment, ce qui peut causer la régression de la conservation. 

Sur une échelle de 1 à 10, dix étant le meilleur score, quelle note donneriez-vous à Maurice pour ses efforts de conservation de la faune et la flore ?

Je dirais que Maurice obtient un 3, car malgré son image de carte postale, le pays a quand même perdu plus de trente espèces d’animaux alors que nos forêts ne cessent de se dégrader au fil du temps. 

Quelles sont les espèces les plus menacées à Maurice ?

Oiseau à Lunette
Oiseau à Lunette
Merle Cuisinier
Merle Cuisinier

Parmi les oiseaux, nous avons l’oiseau à lunette et le merle cuisinier et parmi les plantes nous avons plus de deux cents espèces de plantes endémiques qui sont menacées de disparition.  

Comment concilier conservation et développement?

La MWF n’a jamais été contre le développement mais on a toujours attiré l’attention quand le développement se faisait au dépend de la biodiversité. Nous faisons notre possible pour chercher des alternatives au développement qui peuvent nuire à la biodiversité.. 

Par exemple si quelqu’un a hérité ou a acheté un terrain et voit que celui-ci est dans une zone marécageuses et qu’il ne peut pas exploiter le terrain, l’état peut acheter ce terrain ou le troquer contre un autre terrain constructible pour que cette zone humide devienne la propriété de l’état et soit protégée. 

Avez-vous l’impression que les Mauriciens sont conscients de cette dégradation de la nature locale ?

En ces temps, on peut observer une mobilisation de la part des Mauriciens quand il s’agit d’atteinte à la nature. Le public mauricien commence à voir que certains développements, et projets sont néfastes à la biodiversité. Mais la mobilisation ne doit pas s’arrêter là, il faut aussi mettre la main à la pâte, par exemple, aider au nettoyage de nos forêts pour stopper leur dégradation par les espèces envahissantes. 

Quels sont les projets en cours de la Mauritian Wildlife Foundation ?

Nous avons plus de dix projets en cours qui sont disponibles sur notre site web. Certains ont démarré depuis 1970. En effet, certains de nos projets peuvent durer plus de vingt ans. Un gros dossier sur lequel nous travaillons en urgence actuellement, c’est de sauver plus de deux cents plantes endémiques, à Rodrigues comme à Maurice.

La sensibilisation et l’éducation sont aussi parmi nos priorités. Changer la manière de pensée du public est très important mais cela ne peut être fait du jour au lendemain.