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FMI: « Le gouvernement mauricien doit rééquilibrer ses dépenses en vue de stabiliser la dette »

Government House, Port Louis, Mauritiu
Government House, Port Louis, Mauritius | Martin Falbisoner

Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit que l’île Maurice enregistre une croissance de 5% en 2021, après les -15% de 2020. La dette publique de l’île Maurice  « dépassera probablement 90 % du PIB au lendemain de la crise », est-il souligné par l’institution de Bretton Woods.  Ceci à l’issue des consultations à distance avec les acteurs du secteur public et privé de Maurice, dans le cadre de la préparation de son analyse économique du pays (Article IV).  Le FMI recommande que le gouvernement privilégie les programmes qui sont compatibles avec les besoins de développement du pays.

Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Cemile Sancak, Deputy Division Chief, s’est entretenue virtuellement avec les autorités mauriciennes du 19 avril au 7 mai 2021 pour mener les entretiens relatifs aux consultations de 2021 au titre de l’article IV.

Covid-19

À l’issue de ces entretiens à distance, Mme Sancak a déclaré que Maurice a réussi à contenir la pandémie de COVID-19 jusqu’à présent grâce à de strictes mesures sanitaires. « Maurice a enregistré très peu de cas de transmission intérieure de la COVID-19 après un strict confinement national de mars à mai 2020 et la fermeture des frontières jusqu’à début octobre. En s’appuyant sur le solide système public de santé du pays, les autorités ont pu rapidement contenir les flambées épidémiques en mettant en œuvre un dépistage à grande échelle, en assurant un solide traçage des contacts et en isolant strictement tous les cas présumés et confirmés, ainsi qu’en maintenant l’obligation du port du masque dans tous les lieux publics. Lorsque les restrictions aux frontières ont été assouplies, un dépistage général des arrivées et des obligations strictes de quarantaine ont été mis en place. Une flambée de transmissions intérieures a entraîné un deuxième confinement en mars 2021, mais plus court et plus souple que celui de l’an dernier ». 

Croissance de 5%

Le FMI prévoit que l’île Maurice enregistre une croissance de 5% pour 2021.« Bien que le pays africain ait réussi à juguler la pandémie jusqu’à présent, cette dernière a durement touché l’économie résultant en une contraction du PIB réel de près de 15 % en 2020.  « Sur le plan macroéconomique, la tâche principale des autorités consiste à rétablir l’emploi et la croissance même si le secteur du tourisme restera atone au moins jusqu’à la fin de 2022. Les services du FMI prévoient que la croissance avoisinera 5 % en 2021, sur la base d’un certain redressement du tourisme. Cependant, les flux touristiques sont incertains au sortir de la pandémie : ils dépendront de la propension à voyager à mesure que la pandémie s’atténue, ainsi que de la situation dans les autres pays ».

Le FMI conseille au gouvernement de continuer de mener leur politique budgétaire « accommodante » pendant la phase de réouverture en engageant des dépenses « prioritaires et ciblées » pour ouvrir la voie à une croissance résiliente. « La mission recommande de privilégier les programmes qui sont compatibles avec les besoins de développement à moyen terme et les objectifs sociaux et environnementaux plus généraux, tels que la transformation numérique, l’inclusion et l’atténuation du changement climatique, pendant la phase de redressement », souligne Cemile Sancak.

Elle ajoute que : « le gouvernement doit établir un plan de rééquilibrage budgétaire en vue de stabiliser la dette à moyen terme lorsque le pays sera bel et bien sorti de la pandémie afin de préserver la viabilité des finances publiques et de constituer des amortisseurs étant donné la hausse considérable de la dette publique, qui dépassera probablement 90 % du PIB au lendemain de la crise ».

Le FMI recommande de renforcer le levier de politique monétaire dans la perspective de l’affaiblissement de la crise. « Il convient de mettre en place des mécanismes pour soutenir davantage la crédibilité de la banque centrale et consolider une politique monétaire efficace à mesure que l’économie retrouve un niveau normal d’utilisation des capacités de production et que la nécessité d’une normalisation de la politique monétaire apparaît ». 

Que la BoM se désengage de la MIC

Par ailleurs, l’institution de Bretton Woods recommande que la banque centrale se désengage de la Mauritius Investment Corporation (MIC), dont le financement doit s’effectuer par le processus budgétaire, est-il précisé. 

Sur une note plus positive, le FMI salue les efforts concertés des autoritést pour sortir le pays des listes du Groupe d’action financière (GAFI) et de l’Union européenne concernant la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

La mission a rencontré le Premier ministre Pravind Jugnauth, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, et d’autres hauts fonctionnaires et représentants de la Banque de Maurice, ainsi que le chef de l’opposition et des représentants du secteur privé, de la société civile et de la communauté diplomatique.