Dans le cadre de la présentation prochaine du Budget 2021/22, la MEXA a proposé deux stratégies pour redynamiser le secteur de la manufacture et de l’exportation.
Ayant pris le relai de l’industrie sucrière, le secteur manufacturier est cependant en déclin, à Maurice.
La baisse est encore plus frappante si l’on considère la valeur ajoutée brute des entreprises axées sur l’exportation au sein de l’économie mauricienne, qui n’a cessé de décliner au cours de la dernière décennie, passant de 6,3% en 2010 à 4,1% en 2020.
La croissance des exportations a diminué de plus de 16% de 2015 à 2020, avec la plus faible performance (-12,1%) en 2020.
Dans ses propositions budgétaires, l’association regroupant les exportateurs mauriciens, la Mauritius Export Association (MEXA) dit être « fermement convaincue que les opérateurs et les décideurs doivent travailler ensemble pour briser la tendance à la baisse persistante du secteur et le transformer en une croissance robuste et soutenue ».
Pour réussir cette quête, la MEXA propose deux stratégies à implémenter dans le prochain budget.
Stratégie I : Sécuriser le présent
La première est de sécuriser le présent en améliorant la continuité des activités,en maintenant la compétitivité des coûts, en adoptant la transformation technologique et en augmentant la visibilité de sur la carte du monde.
Parmi les propositions concrètes émises par la MEXA, notons celle concernant l’assurance crédit export. Actuellement, l’Economic Development Board s’engage à payer 50% de la prime d’assurance-crédit payée sous réserve d’un plafond équivalent au maximum de 0,2% du chiffre d’affaires assurable déclaré directement aux assureurs. La MEXA demande la suppression de ce plafond de 0,2%, sous certaines conditions
La MEXA recommande également la création d’un Trade Finance Guarantee Fund (TFGF) afin de faciliter les exercices de « factoring » des entreprises tournées vers l’export.

Dans le « Plan de Soutien » annoncé en mars 2020, le ministère des Finances a annoncé la levée des taxes portuaires d’exportation imposées pour toutes les exportations jusqu’en décembre 2020. Cette dérogation a été prolongée jusqu’en juin 2021 avec une réduction de 50% des redevances portuaires. La MEXA propose une exonération de 100% des redevances portuaires pour une autre année de juillet 2021 à juin 2022.
Pre-Covid | Post Covid | % Change | ||
Air Freight Costs (Exports) | Mauritius to Europe | Rs 35 – Rs 55/ kg | Rs65 – Rs 150/kg | 138.3% |
Sea Freight Costs (Imports) | China to Mauritius | Rs 1,800 per 20 | Rs 5,700 per 20 | 216% |
L’association plaide aussi en faveur de l’extension du Trade Promotion and Marketing Scheme (TPMS). Le TPMS implique une remise de sur les frais de fret aérien encourus à l’exportation. Avec une forte augmentation des coûts du fret aérien en raison de l’indisponibilité des vols à Maurice, le gouvernement avait revu le TPMS, l’année dernière, augmentant le pourcentage de remboursement de 40% à 60%. « Nous recommandons que le taux de remboursement du TPMS soit maintenu à 60% pendant une autre année, de juillet 2021 à juin 2022, avec un plafond de Rs 30 millions par entreprise, quelles que soient les destinations d’exportation », souligne l’association. Elle souhaite que les destinations clés telles que le Bangladesh, l’Inde, la Chine et la Nouvelle Zélande et Madagascar soient incluses.
La MEXA plaide aussi pour que les représentants des « Regional Buying Offices » bénéficient également du TPMS. « Depuis 2019, Gymshark, un détaillant en ligne en plein essor, a installé son bureau d’achat à Maurice pour desservir le Bangladesh, la Turquie et l’océan Indien. Cela s’ajoute aux entreprises existantes comme Orchestra qui a également son bureau d’achat à Maurice. Ils travaillent en collaboration avec des entreprises locales de production de vêtements pour développer des modèles et des styles et sous-traiter des commandes importantes à nos entreprises de fabrication locales. En fin de compte, les représentants de ces acheteurs exportent les produits finis directement vers leurs différents magasins de détail ou entrepôts à travers le monde », explique l’association dans ses propositions.

Il est à noter que depuis son implantation à Maurice, Gymshark a généré des commandes d’une valeur de plus de Rs 100 millions. « Nous croyons fermement que nous devons fournir des incitations fortes pour encourager ces représentants régionaux à maintenir leurs bureaux à Maurice et pour attirer d’autres marques haut de gamme à ouvrir des bureaux à Maurice », est-il souligné.
La MEXA propose de supprimer la contribution NSF pour les travailleurs expatriés, mais aussi que l’obtention de permis de travail et de séjour soit facilitée pour des personnels de haut calibre d’autres pays.
Pour accroître la visibilité de Maurice, une stratégie de « Country Branding » est proposée par la MEXA pour promouvoir Maurice en tant que destination de manufacture conforme aux normes sociales et éthiques, produisant des produits de haute qualité, livrant des produits rapidement et efficacement, avec une grande adaptabilité aux besoins des clients et un pool de capital humain hautement qualifié.
Stratégie II : Assurer l’avenir
Afin de garantir la pérennité du secteur, la MEXA propose la mise en place d’une institution financière industrielle dont l’objectif sera de fournir une gamme de solutions pour financer les projets d’investissement mais aussi les futures exigences de solvabilité des entreprises individuelles.
La MEXA plaide aussi en faveur d’une politique fiscale attrayante pour rendre Maurice relativement plus compétitive en ce qui concerne l’emploi de talents étrangers.

Au niveau de l’industrie du seafood, l’association exhorte le gouvernement à autoriser et à fournir des incitations pour la transformation et l’exportation des poissons pélagiques et démersaux à Maurice.
L’association dit souhaiter que Maurice devienne membre à part entière de la CCAMLR (Commission for the Conservation of Antarctic Marine Living Resources), ce qui permettrait aux navires battant pavillon mauricien de pêcher dans la région de la CCALMR.
Le gouvernement devrait aussi inciter les entreprises australiennes de légine à investir, transformer et exporter de Maurice.
La MEXA souhaite aussi la reconduction du programme d’entreposage en Afrique (Africa Warehousing Scheme), qui est la subvention des frais de location et d’administration de l’entrepôt, pendant encore 2 ans.
Par ailleurs, l’association des exportateurs souhaite des amendements au Animal Welfare (expérimentation sur les animaux), afin de capitaliser sur ces opportunités pour créer un nouveau secteur pour l’économie mauricienne et fournir des emplois à ses jeunes.
Il est aussi proposé que le gouvernement, en collaboration avec le secteur privé lance une campagne de relations publiques ciblée auprès des Global Business Companies, promouvant ainsi une plus grande substance locale, en démontrant qu’à Maurice, il n’est pas seulement question de mouvement de capitaux, mais qu’elle est aussi une plateforme régionale de manufacture de haute qualité, d’entreposage et de distribution
Autre proposition, est la restructuration du port, l’introduction d’un Air Cargo Regulatory Framework, qui se concentrera sur les besoins stratégiques du pays et veillera à l’alignement de la stratégie industrielle nationale.
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