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Economie

La chambre de commerce souligne le triple déficit de l’économie mauricienne

La Chambre de Commerce de l’île Maurice a publié son analyse sur l’état de l’économie mauricienne en 2020/21 dans laquelle, elle dit prévoir une croissance de 5% pour Maurice en 2021. Elle souligne aussi les dégâts économiques causés par la pandémie de la Covid-19 et les défis auxquels le pays africain est confronté à l’instar du déficit budgétaire, de la dépréciation de la roupie, de la baisse de l’épargne et de l’investissement ou du système de pension entre autres.

Dans leur “statement” sur l’état de l’économie mauricienne pour l’année 2020/21, la Chambre de Commerce de l’île Maurice, dit prévoir une croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de 5% en 2020, avec une baseline qui devrait atteindre Rs 450 milliards. “Le rebond économique devrait être tiré par des investissements publics importants dans les infrastructures, les nouvelles lignes de métro, les logements sociaux et les projets d’énergie renouvelable dans le cadre du programme d’investissement du secteur public pour 2021. L’investissement du secteur privé devrait également enregistrer une hausse progressive avec les investissements dans l’agro l’industrie, les soins de santé, les énergies renouvelables, la manufacture et le secteur pharmaceutique…”, souligne la Chambre.

Le triple choc

Selon cette dernière, l’économie de l’île est confrontée aux défis du triple choc pour contenir son déficit budgétaire, son déficit du compte courant et son écart entre l’épargne et l’investissement. Le déficit budgétaire prévu pour 2020/2021 est de 5,6% du PIB. Le déficit du compte courant au 31 décembre 2020 s’élevait à Rs 54,4 milliards, contre 25,6 milliards de roupies pour 2019. “Il y a eu une augmentation ponctuelle significative du déficit du compte courant de 5,1% du PIB à 12,6% du PIB en raison de la clôture de frontière impactant considérablement les recettes des voyages et du tourisme. En outre, la dépendance excessive du pays à l’égard des importations est également une source de préoccupation qui doit être résolue”, explique la Chambre.

Le troisième choc est  l’écart croissant entre l’épargne et l’investissement. L’épargne est en baisse constante depuis 2008. Le taux d’épargne intérieure brute le plus élevé enregistré à Maurice était en 1986, représentant 28,6 % du PIB, suivi de 21,1 % en 2007. L’épargne a fortement chuté pour atteindre 8,2 % du PIB en 2020. La même tendance est notée dans la Formation Brute de Capital Fixe qui représente à la fois des investissements publics et privés. La FBCF en pourcentage du PIB est passée de 19,6 % en 2019 à 17,9 % en 2020. L’écart entre l’épargne et l’investissement s’élevait à 9,7 % du PIB pour 2020, estimé à Rs 41,6 milliards.

Les dommages graves de la pandémie sur la Roupie

Par ailleurs, la Chambre de Commerce de l’île Maurice affirme que la brutalité et la rapidité de l’effondrement économique au cours des 18 derniers mois ont causé de graves dommages au marché des devises étrangères dans le pays, affectant massivement la communauté des affaires. “La roupie mauricienne a montré des signes de stress dans le maintien de sa valeur monétaire vis-à-vis de l’USD, de l’Euro et de la GBP. Il est urgent de corriger les déséquilibres des marchés et de stabiliser la valeur de la roupie mauricienne”, affirme la Chambre. Elle affirme que la pandémie s’est encore intensifiée et a entraîné une dépréciation de 22,7% de la roupie par rapport au dollar américain avec le changement de valeur de 1 $ à Rs 35,2 en janvier 2020 à Rs 43,2 au 30 juin 2021. “Le résultat a été destructeur pour la compétitivité des entreprises à Maurice couplée à une hausse exorbitante des frais de transport”, dit la Chambre. 

La CCIM met l’accent sur les défis auxquels doivent faire face les opérateurs tels que la hausse du coût du fret. “Parmi eux, des augmentations drastiques des frais de transport, allant de 270 % à 400 % pour les conteneurs en provenance d’Europe et de Chine respectivement, des barrières linguistiques et des problèmes constatés dans le trafic et la connectivité maritime, les règles d’origine et les méthodes de calcul”, est-il souligné. 

Des retards portuaires importants ont également été observés, impactant fortement le coût des échanges via Port Louis. “Il est grand temps de mettre en place le Guichet Unique Maritime pour le dédouanement des navires, et donc de redynamiser les services portuaires tout en veillant à ce que l’efficacité portuaire soit optimisée”, propose la CCIM.

Réforme de la pension

Un autre challenge relevé par la Chambre est le vieillissement de la population mauricienne. Une situation qui aura de lourdes conséquences sur les finances publiques, est-il rappelé. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus s’élevait à 239 041 en décembre 2020, soit 18,8 % de la population totale. Il devrait atteindre 23 % d’ici 2027 et 35 % d’ici 2057. En 2017, il y avait 4,3 personnes actives pour soutenir chaque personne âgée, ce ratio devrait tomber à 2,4 en 2037 et à 1,7 pour chaque personne âgée en 2057. “Les défis démographiques exigent un bon équilibre entre la protection sociale et la viabilité budgétaire et les défis démographiques”, précise la CCIM. Rs 29,6 milliards ont été dépensés pour la pension de retraite de base en 2020, ce qui représente 6,9% du PIB. “Le système de retraite, dans sa forme actuelle, est une bombe à retardement qui doit être adressée. Il est maintenant temps de se lancer dans une réforme nationale consultative des retraites afin d’assurer un système de retraite financièrement viable, juste et équitable”, affirme la CCIM. Cette dernière ajoute que plusieurs options existent en termes de réformes des retraites pour inclure des retraites ciblées, des cotisations d’assurance-vie, des incitations à promouvoir la cotisation de retraite privée, etc. “La Contribution Sociale Généralisée (CSG) a eu des répercussions sur le coût de faire des affaires à Maurice. Des consultations ouvertes entre le gouvernement et le secteur privé sont les bienvenues pour revoir la CSG et trouver une formule mutuellement convenue, moins lourde pour les entreprises. Une série de réformes, aux impacts économiques et sociaux bien pensés, pourraient être mises en œuvre pour atténuer l’augmentation prévue des dépenses de retraite”, préconise la CCIM.