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Fraudes douanières à Madagascar: Rs 23 M de taxes détournées

Toamasina | Madagascar

2 milliards d’Ariary, soit 450 000 euros, (23 millions de roupies mauriciennes). C’est le chiffre évoqué concernant un détournement ou une sous-facturation de taxes à Madagascar sur des produits alimentaires importés par un “Karana”, un homme d’affaires malgache, au détriment des douanes malgaches. Les autorités portuaires de Maurice sont en état d’alerte depuis la diffusion d’un reportage sur cette fraude sur la chaîne France 24, car ce navire aurait accosté notre île.

Selon nos informations, les produits alimentaires concernés auraient sans nul doute transité à Maurice avant de prendre le large vers la Grande Ile pour y être débarqués. D’ailleurs, les services douaniers et portuaires de Maurice ont redoublé de vigilance depuis cette découverte de fraude massive, car ils sont nombreux les navires de marchandises en provenance d’Asie et d’Afrique à transiter chez nous pour faire le plein avant de se rendre vers leur destination finale. 

Certains de ces marchandises s’apparenterait à des fraudes aux différents ports de transit en déclarant des produits banals et moins taxables, alors que réellement ces produits peuvent être de la contrebande ou illicites ou fortement taxables, par exemple faire passer des produits électroménagers hautement taxables pour des sandales ou autres produits moins chers. Maurice a resserré ses vérifications au port depuis ce scandale dans la Grande Ile.

Gaëlle Borgia : Prix Pulitzer

Cette fraude a été rendue possible grâce à un hacker de l’informatique, et a été mise en lumière par une correspondante malgache de France 24 et dont le reportage a été diffusé sur la chaîne française de grande écoute (voir vidéo sur france24.fr).

Gaëlle Borgia | Journaliste d’investigation

Son nom : Gaëlle Borgia. Son métier : journaliste d’investigation. Son objectif : traquer les mafieux qui pourrissent la Grande Île, cette fois les services douaniers. En cause : un informaticien du service des douanes malgaches et un homme, rien moins que son directeur, Lainkana Zafivanona, qui nie pourtant tout en bloc.

Mais la journaliste malgache (qui détient une maîtrise en journalisme en français et en anglais et qui a obtenu le prix Pulitzer avec un confrère américain pour ce reportage) a en sa possession des documents certifiés montrant le cheminement du début à la fin de cette fraude douanière massive. Les étapes dites normales sont suivies à la lettre, à savoir l’enregistrement des produits importés, les formulaires remplis et le calcul du montant de la taxe à payer. Les données sont introduites dans une base de données douanières centrale informatisée. 

Mais l’étape la plus importante reste celle-ci, dénonce Gaëlle Borgia dans son intervention sur France 24 en heure de pointe. Un informaticien s’introduit dans le système informatique très surveillé, abaisse le taux de la taxe et des autres frais à payer par l’importateur Karana sur des produits fictifs qui ne sont pas ceux dans les conteneurs et le tour est joué.

Ainsi, en moins de quatre mois, le Karana a pu détourner quelque 2 milliards d’Ariary, soit 450 000 euros, soit 23 millions de roupies mauriciennes.

Confrontés aux faits, l’informaticien et l’importateur Karana ont avoué le détournement, mais pas le directeur des douanes. Pourtant, dans sa déclaration aux autorités douanières et policières, l’informaticien a affirmé avoir agi sur les instructions de son supérieur, Lainkana Zafivanona, qui a nié ces graves accusations dans une déclaration diffusée par France 24.

La correspondante de France 24, Gaëlle Borgia, ajoute qu’une lettre a été envoyée au Premier ministre malgache et que l’institution chargée de la lutte contre la fraude et la corruption (le pendant de notre Icac) a été saisie, mais les services douaniers, notamment sa direction, sont accusés de tout faire pour ralentir l’enquête. 

Tant à Madagascar qu’à Maurice, cet importateur Karana malgache est suivi de près par les autorités concernées. Comme on le dit dans le jargon portuaire, “he is red carded”.