Home » La presse indienne fait ses choux gras avec l’affaire de sniffing allégué
Societé

La presse indienne fait ses choux gras avec l’affaire de sniffing allégué

L’affaire de “sniffing allégué” prend des proportions internationales. Le journal digital indien ‘The Print’ affirme que ce sont les craintes d’espionnage digitale de la part de la Chine qui auraient motivé ce “survey” à Baie des Jacotet.

Si beaucoup de Mauriciens s’attendaient à ce que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, vienne faire la lumière hier soir, 28 juillet,  sur les allégations de sniffing de Sherry Singh, ainsi que le rapport du CTO de MT dévoilé dans la presse, ils sont restés sur leur faim. Le PM a mis de l’avant la sécurité nationale du pays en tant que raison pour effectuer ce survey à Baie des Jacotet. 

Cette affaire qui fait grand bruit à Maurice est également relayée sur le plan international, notamment dans la Grande Péninsule. Le journal The Print, avance d’ailleurs l’hypothèse que ce survey serait motivé par les craintes d’espionnage venant de l’Empire du milieu. 

La Chine a commencé à s’intégrer dans l’infrastructure Internet de Maurice en 2015, année où Sherry Singh, l’homme de confiance de Jugnauth, a pris la tête de Mauritius Telecom. La même année, Huawei a fait une offre non sollicitée pour mettre en place le Mauritius Safe City Project, un réseau vaste de plus de 4 000 caméras de télévision en circuit fermé (CCTV) liées à des analyses basées sur le cloud qui alimentent une gamme de fonctions, de la reconnaissance faciale à la surveillance, en passant par la circulation routière et les mouvements de foule”, souligne d’emblée le journal de la Grande Péninsule.

Il est souligné que l’installation d’équipement de surveillance Huawei à Maurice faisait partie d’un effort plus vaste qui a vu la mise en place de systèmes similaires par la Chine dans 73 villes de 52 pays, dont la France, l’Allemagne, le Pakistan, le Tadjikistan et le Mexique.

Tout en travaillant sur le projet Safe City, Huawei a également remporté le contrat pour la construction d’un câble sous-marin de 700 kilomètres fournissant des données à haut débit à la deuxième plus grande île du pays, Rodrigues. Le câble sous-marin MARS, l’un des plus d’une douzaine posés par Huawei en Afrique, atterrit également à Baie-du-Jacotet. La poussée numérique de Pékin en Afrique comprend aussi le câble PEACE de 15 000 kilomètres et d’une valeur de 425 millions de dollars, qui relie la Chine au continent via l’Europe”, est-il avancé par The Print.

Selon ce dernier, le service britannique de renseignement et de communication GCHQ, ainsi que la National Security Agency (NSA) des États-Unis, sont connus pour avoir “tapped”  les câbles sous-marins pour collecter de grandes quantités de données à analyser. “Des experts ont averti que la Chine recherchait des capacités similaires”, a souligné The Print.

Ce serait depuis que la Chine a annoncé la route de la soie numérique en 2015, que Pékin a commencé à développer son infrastructure Internet mondiale avec l’aide d’équipements d’entreprises comme Huawei. “Les équipements comprennent des portes dérobées numériques qui permettent à ses services de renseignement de collecter des données”, est-il ajouté.

Pour Entrackr, média dédié à l’économie Internet indienne s’est également attardé sur ce dossier brulant. 

Le média a notamment interrogé un expert informatique pour tenter de faire la lumière sur ce qui est permissible ou pas, à savoir Pranesh Prakash, Affiliated Fellow at the Information Society Project de la faculté de droit de Yale. Ce dernier souligne que la surveillance de masse des câbles sous-marins, bien qu’autorisée par la licence, était illégale et inconstitutionnelle. « Une licence n’est pas une loi édictée par le Parlement. Il est simplement délivré par le Département des télécommunications. Une licence ne peut pas habiliter le gouvernement à s’engager dans toute surveillance en l’absence d’une loi établie par le Parlement », a-t-il déclaré.